Je voudrais le bruit des vagues et le bruit des cordes. Je voudrais du sable presque gris et froid, très froid. Je voudrai fermer les yeux et rebobiner. Rebobiner les larmes. Rebobiner les désastres. Rebobiner, encore. Et pousser sur pause à l'endroit où nos mains se sont frôlés. Si légerement, si gracieusement, qu'un frisson m'en parcourt encore l'échine.

Je voudrais des coquelicots dans la neige. Je voudrais de la dentelle et des étoiles. Je voudrais du rouge. On dit "j'aimerai" mais ne jamais dire aimer. Ne jamais dire aimer ...

Et écouter la pluie tomber, l'orage marteller, un oiseau qui croasse, quelques pas dans l'escalier. Un ciel. Le bruit d'un éclair. Un silence.

Une fleur d'Opium a fleurit entre nous.
On pourrait croire qu'elle nous rend doux.
Mais tout ce que fait cette fleur camée
C'est nous séparer, c'est nous désaimer.

S'échapper un instant de cette vie. Ecraser une cigarette sur ton dos. Et, le ciel dans le cerveau, la drogue dans les veines, s'envoler au dessus des Toi, des Moi, des coups d'genoux. Aux ciseaux découpés des rêves et les collers sur notre agenda, pour pas oublier. Boire du thé et s'en brûler la langue. Se couper la main, la mettre au feu, prendre des risques. Et ptêtre tout perdre. Une cicatrice, un sourire, un brin d'insolence. Moi j'dis : Vivadolescence.

Les nuages foncent tous dans la même direction. Le vent les fait chavirer. Une chanson, un tournesol, un peu d'herbe et un cône. J'sais pas, j'sais plus. C'est Pascale Picard je crois, je chante vaguement le refrain "Heeeere I aaaaaam" . Encore un nuage passe devant mes yeux, ils vont de plus en plus vite et mes cheveux. Et les tiens. Regarde ! Une plume bleuté, verte, avec des élipses plus claires est emportée par le vent. Une plume de paon. Un peu plus loin, un enclos. On y va, on s'assied à même le sol, même que tu te couches. On se laisse vivre au milieu des galliformes. Putain :

Qu'est ce qu'on était envie.